Archives mensuelles : septembre 2017
Le temps des vacances prend doucement fin, il est temps de reprendre les bonnes résolutions et s’engager dans de nouveaux projets.
A cette fin, L’atelier rouvre officiellement ses portes à partir du 12 septembre 2017.
A vos pinces !!
Sans structures, point de salut ?!!
Evolution de l’art de la mosaïque.
Voici le fruit de quelques réflexions que j’aimerai partager avec la grande communauté mosaïque sur le sens et l’orientation que prend la mosaïque contemporaine, situation à laquelle je me suis trouvée récemment confrontée.
La mosaïque est depuis toujours un art du revêtement décoratif et utilitaire, le prétexte à l’embellissement d’une surface le plus souvent plane : au sol ou aux murs, voire architectonique ou même mobilière… Sur ce point, les réalisations antiques et les compositions que l’on continue de mettre au jour sont toujours d’une grande beauté et d’un bel équilibre.
La mosaïque est tributaire de son passé et de la notion du Beau du monde gréco-romain qui la pratiquait. Elle est alors un témoignage du goût, de la culture et de la puissance du commanditaire. Son utilité n’est pas seulement d’ordre pratique et fonctionnel, mais c’est surtout une réalisation esthétique et allégorique du bonheur, d’une forme d’idéal et de bien-être, qui va bien au-delà du simple confort physique, environnant l’humain dans un cadre propice à la contemplation, à la réflexion et à l’exaltation de la « grandeur » de l’Homme et de son intelligence.
C’est de la compréhension du passé et de l’appropriation de cette vision du beau et du décor, que l’on peut transcender les modèles et s’enrichir des différentes réalisations et interprétations, processus qui se poursuit au travers des âges, pour construire et proposer sa propre expérience artistique.
Avec l’évolution des matériaux et des techniques de pose, la recherche créatrice n’a plus de limites. Nombre de mosaïstes contemporains se distinguent par une véritable démarche artistique et créatrice et contribuent à dynamiser cette technique. D’art décoratif, la mosaïque d’aujourd’hui se veut art majeur au même titre que la peinture et se prend même de plus en plus souvent pour de la sculpture, ce faisant, elle se détache de ses attributions habituelles.
Les réalisations sont belles inventives et intéressantes, en termes de textures, de jeux de lumières, de volumes et de couleurs, elles méritent l’attention et la reconnaissance de ses auteurs, et je suis la première à admirer et louer les talents créateurs de nombreux mosaïstes.
Ces réalisations témoignent d’une inspiration, d’une vision personnelle de l’auteur et traduisent une recherche artistique. Les effets de structures et textures sont des accessoires parmi d’autres dans l’ensemble du répertoire expressif, matériel et sensoriel à la disposition du mosaïste.
La mosaïque un moyen d’expression d’une incroyable variété, d’une grande richesse, dans lequel tout le monde a sa place et son style. La structure n’est pas une obligation.
Or je suis parfois affolée par la réaction de rejet de certaines émules ou élèves qui ne voient dans la mosaïque » à l’antique » que le moyen d’apprendre à tailler du marbre, avant de passer à « la vraie mosaïque ???». Mais il ne suffit pas d’accumuler des plaques d’ardoise, et autres éléments en relief sur une surface, pour devenir un créateur… Il faut un minimum de sens et d’harmonie, quelque chose à exprimer et à transmettre…
Ainsi, certains n’hésitent pas à dénigrer ouvertement le travail de mosaïstes jugés traditionnels, voire à boycotter leur enseignement, quand d’autres vous demandent à quoi ça sert de faire de la technique indirecte, car faire du plat cela n’a aucun intérêt….
La surenchère texturelle et structurelle donne des résultats saisissants, mais elle ne devrait pas devenir un incontournable, un effet de mode ou pire une norme, LE mode d’expression obligé du « vrai mosaïste, qui doit être dans le ton, tendance et blablabla » et qui tendrait à reléguer « la mosaïque traditionnelle » au second plan, de façon plus ou moins méprisante.
Ce serait là, tomber dans les mêmes travers que l’art contemporain, avec les abstraits et les figuratifs. D’un côté, les » vrais » artistes au langage devenu hermétique à la compréhension du commun, souvent laid pour choquer, pour se faire remarquer, où l’on pratique l’entre-soi et les autres, « les classiques » qui ont tout de même quelque chose à partager… le principal problème étant que l’art d’aujourd’hui n’est plus l’expression d’une vision du Beau (et donc prétexte à tirer l’humanité vers le haut) mais sert uniquement à faire parler et spéculer.
La mosaïque contemporaine sera-t-elle capable de passer au-dessus du piège et laisser la place pleine et entière à toutes ses formes d’expression et d’interprétation, prenant en compte de manière égale l’ensemble de sa communauté ?
Il est de la responsabilité des mosaïstes enseignants de transmettre cette ouverture d’esprit et cette incroyable diversité, pour ne pas dénaturer le regard des amateurs, (et des exposants) qui devant tant de visions foisonnantes, en arrivent à oublier les fondamentaux et les origines de la mosaïque…
Isabelle iatosti